La Maturité de l'Homme
Ce n'est que maintenant, après une éternité de
lutte pour la survie et le progrès, que l'on peut considérer
que l'homme a atteint sa maturité, maturité qui nous
est bien perceptible, quoique bien cachée à l'homme
lui-même. L'opportunité s'offre maintenant d'une avancée
majeure pour l'humanité, avancée qui dépasse
de loin, par sa rapidité et par ses dimensions, toutes celles
qui l'avaient précédée. Alors que, jusqu'à
présent, une progression lente et stable paraissait souhaitable
et même préférable, un rythme nouveau et dynamique
se crée actuellement, qui par sa puissance projettera l'humanité
dans l'avenir sur une vague de changement global. Si grandes sont
les tensions, dans le monde divisé d'aujourd'hui, que seul
un rapide changement de direction permettra d'éviter une
catastrophe.. Dans ce contexte nous observons et nous guidons,
veillant sur tout. Petit à petit, une conscience nouvelle éveille
l'humanité à ses besoins intérieurs. Bien
que le vieil esprit de compétition ait la vie dure, un nouvel
esprit de coopération commence également à se
manifester. Ceci augure bien de par l’avenir, car c’est
seulement par la coopération que l'humanité survivra
; c'est seulement par la coopération que la nouvelle civilisation
sera construite ; c'est seulement par la coopération que les
hommes pourront connaître et manifester la vérité
intérieure de leur divinité.
La coopération est la résultante naturelle de relations
justes. De même, les relations justes sont la conséquence
d'une sage coopération. La coopération est la
clé de tout effort de groupe couronné de succès,
elle est une manifestation de la divine volonté de bien.
Sans la coopération rien de durable ne peut être réalisé,
car elle permet la synthèse d'une grande diversité
de points de vue.
LA MAGIE DE LA COOPÉRATION
Coopération est synonyme d'unité. L'unité
et la coopération sont les tremplins de l'avenir, offrant
à tous les hommes l'assurance de l'accomplissement. De grandes
réserves d'énergie restent dormantes au sein de l'humanité,
n'attendant que la magie de la coopération pour se manifester.
La compétition va à l'encontre de l'ordre naturel
; la coopération libère en l'homme la bonne volonté.
La compétition n'a d'autre préoccupation que le soi
personnel, alors que la coopération œuvre au plus
grand bien de tous.
La compétition conduit à la séparation, origine
de tous les péchés ; la coopération mêle
et unit entre elles les fibres multicolores qui constituent la trame
de l'unique vie divine.
La compétition a conduit l'homme au bord du précipice
; seule la coopération l'aidera à retrouver son chemin.
LA NÉCESSITÉ DE LA COOPÉRATION
Le monde est divisé en deux groupes : ceux qui s'accrochent
aux vieux systèmes nationalistes, avides et égoïstes,
et représentent les forces réactionnaires du monde
; et ceux qui, s'ouvrant aux énergies nouvelles du Verseau,
recherchent la voie de la fraternité et de la coopération,
et la manifestation de l'interdépendance résultant
du fait que l'humanité est une.
En tant qu'humanité une, nous forgeons mutuellement notre
destinée et évoluons de manière à exprimer,
avec nos nationalités et nos dons différents, l'extraordinaire
variété de la vie divine, mais dans l'unité.
Il s'agit manifestement d'un problème majeur pour l'humanité,
tant le monde est divisé et la compétition répandue
de nos jours. C'est la nature même de nos systèmes
politiques et économiques qui est en cause. Ils sont en effet
basés sur les forces du marché, le mercantilisme,
l'expansion et le pouvoir. Si nous voulons survivre, tout cela doit
changer. Comment réduire à néant l'immense
pouvoir de la compétition qui sous-tend tous les aspects
de notre vie actuelle et y substituer non seulement l'idée
de coopération, mais une coopération véritable
?
La compétition est, à mon avis, fondée sur
la peur. Si nous prenons du recul, nous pouvons voir le lien existant
entre la compétition et le règne animal. Il est naturel
pour les animaux de se disputer la nourriture nécessaire
à leur survie. Il existe une incessante compétition
entre les loups et les caribous, entre les lions, les tigres, les
pumas, les léopards et les différentes variétés
d'antilopes et de cerfs. Tous ces animaux rivalisent entre eux,
mais pour eux il n'y a pas compétition. Le lion et le tigre
ne pensent pas : « J'entre en compétition avec
mes frères et mes sœurs pour m 'emparer de cette
antilope. » Cela ne leur vient pas à l'esprit. Il s'agit
pour eux d'un instinct vital.
Si un lion, un tigre ou un léopard a faim, il part chercher
de la nourriture. Sa nourriture est toujours vivante, n'importe
quel animal est donc une proie pour lui. Il s'agit seulement de
savoir qui courra le plus vite. Si c'est le cerf ou l'antilope,
comme cela arrive fréquemment, il échappera au
fauve. Mais si, en coopérant, les lions et les léopards
unissent leurs efforts ou si, comme le font les loups à la
poursuite du caribou, ils chassent ensemble grâce à
un instinct inné de coopération, ils peuvent attraper
leur proie, même si elle est beaucoup plus rapide qu'eux.
La coopération existe dans le règne animal, mais
la chasse est fondamentalement une compétition dans
le but de survivre.
Il y eut une époque où il était parfaitement
naturel pour les premiers hommes, qui vivaient dans des conditions
d’extrême précarité, de se disputer la
nourriture. Ils se battaient entre eux pour survivre. Ils durent
lutter égale-ment contre les animaux, pour leur survie, pendant
des millénaires, au cours de la compétition qui a
opposé l'homme-animal primitif au règne animal. Les
dinosaures, ou leurs descendants qui étaient toujours des
dinosaures, bien que plus petits et plus rapides, et qui se montraient
tout aussi rapaces, ont décimé l'humanité.
L'existence même de celle-ci a été menacée
à maintes reprises par le règne animal. L'instinct
de compétition est primordial chez 1'animal. Mais nous
ne sommes pas seulement des animaux. Même si nous devons notre
corps et certains de nos instincts au règne animal,
nous sommes des âmes en incarnation. En tant qu'âme,
quelque chose d'autre que la compétition entre en jeu
dans les relations existant entre les hommes, les groupes,
les nations, etc. Nous n'entrons pas toujours en compétition,
mais lorsque nous le faisons, nous finissons toujours par nous détruire.
La guerre est de la compétition à grande échelle
et l'humanité y a eu recours à maintes reprises pour
différentes raisons : pour agrandir son territoire, pour
le pillage, le butin ou souvent par simple plaisir, comme au
Moyen-Age, afin de garder force et souplesse au bras maniant l'épée,
ou encore pour jouir du plaisir de la chasse sous une autre forme
– la chasse à l'homme, nos frères et sœurs
de couleur, de religions, de tribu ou de race différentes.
Avec l'arrivée des civilisations agraires, le besoin de
com-pétition a diminué. La compétition sous
forme de guerre fut encore très fréquente, mais le
simple fait de se tourner vers une civilisation agraire sédentaire
a supprimé pour l'homme la nécessité de faire
la chasse à son semblable pour le trophée, ou
de chasser pour rapporter du gibier. Un aspect différent
s'est développé : la coopération. Les tribus
se sont agrandies, de petites villes marchandes se sont développées,
le commerce est né. Tout cela est fondé sur la coopération.
Il est impossible de construire une ville ou un centre de négoce
sans coopérer. Vous ne pouvez élargir l'éventail
des activités humaines et devenir créatifs sans coopération.
Si certains creusent le sol, cela permet aux autres de construire
les maisons. Si certains construisent les maisons, cela per-met
à d'autres de jouer du piano ou de la harpe. Ces différenciations
et ces spécialisations enrichissent la société
humaine, la civilisation et la culture. Sans esprit de coopération,
toute cette richesse ne pourrait se développer. Il est nécessaire
que chacun ait le sentiment de faire partie d'un groupe, d'une communauté
de frères et de sœurs partageant les ressources d'un
endroit particulier et jouissant, de ce fait, des fruits d'une coopération
réciproque.
LA SURPRODUCTION
Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un point où,
sur le plan pratique, matériel, le monde est probablement
plus riche qu'il ne l'a jamais été. Il existe davantage
de produits disponibles par habitant qu'à aucune autre période
de l'histoire humaine. Jamais auparavant on a ressenti le besoin
de posséder tant de biens matériels. Jamais les entrepôts
n'ont regorgé de tant de produits. Nous avons atteint un
niveau de surproduction massive qui ne pourrait exister sans coopération.
Mais, bien qu'elle soit le résultat d'une coopération
entre les individus, cette surproduction a finalement conduit à
une lutte sans merci, à une compétition effrénée
pour vendre ces marchandises.
Il fut un temps où les hommes entretenaient des relations
commerciales correspondant à leurs besoins. Si vous produisiez
du vin et des olives, vous les échangiez contre de l'or,
de l'argent, de l'étain, du lapis-lazuli ou d'autres ressources
naturelles. Cela suffisait. Personne ne songeait à rivaliser
avec les autres en ce qui concerne la nature des produits échangés.
Si vous étiez phénicien, romain ou grec, vous faisiez
du négoce avec les bretons ou les germains afin d'obtenir
ce qu'ils produisaient, mais pas ce que vous produisiez vous-mêmes.
Vous leur donniez du vin, des olives et du marbre et ils vous procuraient
en échange de l'étain, du cuivre, de la laine et de
l'ambre. Et c'est ainsi qu'une forme de commerce naturel, basée
sur la coopération, a pu se développer dans les
civilisations agraires du monde entier.
De nos jours, tous les pays développés produisent
les mêmes choses. Nous produisons tous des voitures, des machines
à coudre, des réfrigérateurs, des calculatrices,
des ordinateurs et tout l'attirail de notre vie de citadin, moderne
et sophistiquée, et nous essayons tous de nous vendre les
uns aux autres ces biens de consommation. Aucun d'entre nous n'a
besoin de ce que les autres ont à vendre. Un produit nous
intéresse seulement dans la mesure où il coûte
moins cher. Seul le prix importe. Si le produit est de meilleure
qualité mais plus cher, nous n'en voudrons pas forcément.
S'il est de meilleure qualité et que son prix est moins élevé,
nous serons très intéressés. S'il est de qualité
moyenne mais qu'il est bon marché, nous nous en contenterons.
C'est ainsi que se pratique le commerce actuel. Nous achetons uniquement
des objets que nous pourrions parfaitement fabriquer nous-mêmes
pour un prix un peu plus élevé.
Nous avons atteint une sorte d'impasse dans nos relations
commerciales. Comment en sortir ? L'une des solutions serait
de retourner à une civilisation agraire où tout le
monde se contenterait de produire et de fabriquer ce dont il a besoin,
et où les échanges, limités aux strictes nécessités,
s’effectueraient sans intermédiaire entre le producteur
et le consommateur. Cela pourrait sembler judicieux, mais le monde
d'aujourd'hui est si vaste, sa population si nombreuse et le
système commercial qui rendrait possible ce genre d'échanges
serait si compliqué que personne ne se-rait prêt à
envisager une telle éventualité. Il serait bien sûr
insensé d'essayer de revenir en arrière. Nous devons
prendre une direction différente. Au lieu d'être
compétitifs, nous devons apprendre à coopérer.
Sinon, nous n'irons nulle part.
La compétition, par ailleurs, semble innée dans la
psyché humaine. Tout le monde a plus ou moins l'esprit
de compétition. Nous devons en avoir conscience, le reconnaître
et agir en conséquence. La plupart des enfants ont l'esprit
de compétition. Ils se disputent l'amour, l'approbation
ou l'attention de leurs parents. S'ils n'obtiennent pas cet amour
et cette attention, ils haïssent leur frère ou leur
sœur ; ils passent leur colère sur le cadet. Dans toutes
les familles de deux ou trois enfants, l'aîné est parfait
jusqu'à l'âge de deux ans, c'est-à-dire
jusqu'à l'arrivée du second enfant. La responsabilité
des parents est immense. Puisque l'esprit de compétition
entre frères et sœurs est presque inévitable,
il doit être maîtrisé et remplacé par
l'esprit de coopération qui, à mon avis, doit être
enseigné.
LE CONDITIONNEMENT
Dans la société très imparfaite où
nous vivons, tout le monde est conditionné. Tous les parents
conditionnent leurs enfants comme ils l'ont été eux-mêmes.
Nous ne cessons de transmettre notre propre conditionnement. Nous
ne pouvons nous en empêcher. Nous devons être très
vigilants, faire preuve de beaucoup de sensibilité et
d'intelligence, pour prendre conscience de notre manière
d'agir et nous montrer extrêmement patients et détachés.
Nous de vons créer pour nos enfants des conditions leur offrant
la possibilité de coopérer dès leur plus jeune
âge.
Les meilleures crèches et jardins d'enfants essaient d'inculquer
la coopération. C'est une chose merveilleuse à voir
lorsque tout va bien. Mais cette coopération cesse très
vite dès que deux enfants veulent avoir le même jouet
ou participer à la même activité. On voit alors
surgir, à travers le principe du désir qui régit
la personnalité, ce vieil instinct primitif qui pousse
à entrer en compétition pour obtenir ce que l'on
veut. Tout enfant est un petit sauvage jusqu'à l'âge
de 14 ans environ. Puis, avec un peu de chance, il devient mi-sauvage,
mi-civilisé. Jusqu'à ce moment-là, c'est la
nature astrale qui domine chez lui. Je ne parle pas, bien sûr,
des génies qui s'incarnent en tant qu'initiés et se
mettent dès leur jeune âge à peindre comme Picasso.
LA BONNE VOLONTÉ, ASPECT DIVIN
Le principe du désir est très puissant et il s'exprime
instinctivement par la compétition. Il pourrait coopérer,
mais en s'agrippant, en se battant pour obtenir ce qu'il veut, ce
dont il croit avoir besoin, il entre en compétition, il blesse,
il détruit, il tue si nécessaire. Tel est le lot de
l'humanité jusqu'à ce qu'elle atteigne le stade où
l'âme, aspect divin, dont la nature est la bonne volonté,
se manifeste. Comme le dit le Maître : « La coopération
est une manifestation de la divine volonté de bien. »
C'est l'âme qui manifeste la bonne volonté, qui nous
donne le désir de coopérer.
Il est très difficile pour des êtres humains vivant
dans un corps physique, et dont la personnalité est principalement
gouvernée par la nature astrale, de saisir clairement, de
comprendre, sauf peut-être de manière intellectuelle,
la nature de l'âme. L'âme a une vision large des choses
; elle n’éprouve pas le moindre sentiment de séparation
L'âme, par son travail magique, élabore la personne
sur le plan physique en créant la structure de rayons et
les différents corps, sur la base d'un taux vibratoire particulier,
déterminé par le niveau atteint lors de la vie précédente.
Elle essaye de créer une réplique d'elle-même
sur le plan physique et elle sait, parce qu'elle est intelligente,
que cela prendra de nombreuses incarnations. Elle doit donner à
son reflet les véhicules convenant aux conditions de vie
à un moment donné, à la nature de la famille
et de l'environnement dans lesquels la personne va se trouver
; tout un ensemble de véhicules, de rayons, de dons à
mettre en valeur, et parmi lesquels l'âme devra déterminer
celui qui aura une importance majeure. Au cours de nos innombrables
incarnations, nous avons eu, plus ou moins, tous les rayons dans
notre structure. Certains d'entre eux seront mis en veilleuse et
ne s'exprimeront pas de façon marquée. D'autres, utilisés
récemment, se manifesteront avec force. Aucune expérience
n'est jamais perdue.
L'âme manifeste une bonne volonté totale, absolue.
Elle ne connaît que l'intelligence divine, l'amour divin et
le dessein ou la volonté divine. La bonne volonté
est un aspect de l'amour. Elle est à la fois le dessein
de Dieu et l'amour de Dieu, elle est l'amour en essence. L'âme
essaie d'inculquer cette bonne volonté à son véhicule
et cela conduit inévitablement à la coopération.
Lorsque vous coopérez, vous vous efforcez d'exprimer la qualité
de bonne volonté. Les deux vont de pair. Plus vous devenez
coopératif, plus vous exprimez la bonne volonté.
Plus vous manifestez la bonne volonté, plus vous désirez
coopérer. La bonne volonté rend la coopération
aisée. Mais il est difficile de coopérer si, au lieu
d'agir sous l'influence de la bonne volonté qui vient de
l'âme, vous obéissez au principe du désir et
acceptez ce que votre intelligence vous dicte quant à vos
besoins supposés ou lorsqu'il s'agit d'effectuer un
choix pour vous-même ou pour votre groupe. L'intelligence
est souvent en désaccord avec la vision intérieure
et l'intuition venant de l'âme qui mènent toujours
à la bonne volonté, à l'expression de relations
justes.
L'âme ne connaît que les justes relations et ce sont
ces relations qu'elle souhaite établir sur le plan physique.
Bien sûr, c'est difficile car, au cours des siècles,
et plus particulièrement de nos jours, à cause
de nos structures politiques et économiques modernes, nous
avons créé un monde basé essentiellement sur
la compétition.
Texte tiré et adapté du livre :
( L’Art de la Coopération)
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