L'invocation
Préface
En raison d’un intérêt de plus en plus répandu,
ces derniers temps, pour la méditation, le mot “invocation”
est employé de plus en plus souvent. Mais que signifie-t-il,
en dehors de son sens ordinaire de demande et de prière ?
Alexis Carrel a dit de la prière qu’elle était
“une tension de l’esprit vers les substratum immatériels
du monde”. Cette définition suggère que la science
a beaucoup à nous apprendre sur les sphères où
nous pénétrons, lorsque nous prions ou méditons.
L’invocation est fondée sur l’utilisation intelligente
des différentes énergies contactées lors de
l’appel spirituel. En fait, il est dit d’elle qu’elle
est une science d’où peut naître une nouvelle
religion mondiale et qu’elle offre une compréhension
plus claire des puissances en action lorsque nous prions, invoquons,
pensons et méditons.
Ainsi donc, un nouveau tour sur la spirale évolutive de la
prière s’offre à nous, une méthode d’approche
spirituelle pour le Nouvel Age. La façon de l’accomplir
est expliquée dans les pages qui suivent.
PREMIÈRE PARTIE
QU’EST-CE QUE L’INVOCATION ?
De nouvelles dimensions
L’une des grandes révélations de ce siècle
a été le pouvoir d’expansion du mental humain.
Les unes après les autres, les barrières des frontières
du savoir ont été brisées, afin que notre conscience
embrasse toutes les dimensions de la Vie qui nous entoure et que
nous y jouions notre rôle, au moins dans une certaine mesure.
Grâce aux instruments presque magiques qui accroissent la
perception humaine maintenant, nous voyons et entendons beaucoup
de choses dont nous n’aurions jamais soupçonné
l’existence autrefois et nous avons été amenés,
dans la dernière moitié de ce siècle, à
reconnaître des réalités vitales et des activités
énergétiques beaucoup plus subtiles et subjectives.
Toutes ces découvertes nous placent, par certains de leurs
aspects, dans une situation similaire à celle du Moyen-Age,
lorsque de nouvelles terres furent découvertes et que la
vie s’est orientée vers des perspectives entièrement
nouvelles. Cela fut similaire à l’entrée dans
un monde nouveau. Dans notre présente marche en avant, il
nous est difficile de dissocier nos composantes intérieures
de nos composantes extérieures. Cette expansion objective,
analytique et scientifique met en lumière le besoin d’un
élargissement de nos concepts spirituels qui, nécessairement,
doivent avoir des dimensions adaptées à la nouvelle
prise de conscience.
Un nouveau point a également émergé. Au fur
et à mesure que nous en savons davantage sur les forces créatrices,
il devient de plus en plus clair que la science et la religion sont
inévitablement connectées. Les lois qui sont découvertes
et qui régissent la vie et l’énergie pourraient
bien être considérées comme des indications
sur le dessein et le plan divins. De plus, des croyances anciennes
prennent une nouvelle signification, sous l’influence de ce
que Teilhard de Chardin nommait “le progrès stupéfiant
auquel l’homme du XXème siècle est parvenu dans
son analyse du réel”.
Cet auteur, à la fois religieux et scientifique a, en fait,
beaucoup contribué à la prise de conscience de la
relation qui existe entre ces deux domaines. Il écrivait
dans La Science et le Christ :
“Pour ma part, je suis convaincu qu’il n’y a pas
de nourriture naturelle plus substantielle pour la vie religieuse
que le contact avec les réalités scientifiques correctement
comprises.”
La cause majeure des malaises de la société actuelle
est peut-être que l’Humanité est essentiellement
matérialiste dans ses orientations et que les découvertes
qu’elle fait sont généralement orientées
vers des buts physiques, l’amélioration de nos existences,
notre bien-être et la création des objets que nous
désirons posséder.
Un fossé s’est, par conséquent, créé
entre notre expansion objective et notre expansion subjective, entre
la connaissance matérielle d’une part et la conscience
et la compréhension spirituelles d’autre part. Pour
lancer un pont au-dessus de cet abîme, nous avons besoin que
des esprits scientifiques s’intéressent aux règnes
“supra-physiques” et nous devrions exiger, plus que
nous ne le faisons, que des recherches soient entreprises dans ces
domaines. Par exemple, nous savons fort peu de choses sur l’action
de la lumière sur les niveaux mentaux, fait qui a longtemps
été exprimé par le mot “illumination”.
Les énergies ont de nombreux degrés ou niveaux d’expression,
c’est-à-dire qu’elles ont des manifestations
subtiles aussi bien que tangibles et, si nous en savions davantage
sur ces vérités cachées, nous comblerions plus
aisément le fossé qui existe entre la science et la
religion. Il est souvent dit que la science a pris la place de la
religion ; en fait, les révélations de la première
contribuent à la grandeur de la seconde et ont un rôle
à jouer dans notre développement spirituel.
De cette façon, le sol sur lequel nous sentons pouvoir compter
est placé sous nos pieds ; nous avons besoin de ce sol car,
au point où nous en sommes, notre position est très
exposée. Nous sommes trop évolués pour croire
aveuglément, et insuffisamment évolués pour
tout savoir par nous-mêmes. Nous avons atteint “l’adolescence”,
nous affirmons notre indépendance mais nous ne possédons
pas la maturité nécessaire à une vision globale.
Nous demandons à la science de nous donner toutes les réponses
mais nous avons besoin des dons de l’esprit pour les interpréter.
C’est alors que se présente fort opportunément
à nous cette forme plus ou moins nouvelle d’appel spirituel
qu’est l’invocation. Cette méthode d’approche
des mondes intérieurs fait appel à un plus grand nombre
de nos facultés que la prière ; elle y associe les
pouvoirs mentaux que l’Humanité est en train de développer
et n’offense nullement la raison.
Ceci ouvre des perspectives nouvelles et intéressantes. La
réponse aux besoins correspondant aux attitudes et capacités
nouvelles se trouve sur un tour de spirale plus élevé
de la spirale évolutive de l’approche spirituelle ;
portée par la raison, elle est la garantie du renforcement
de notre appel. Bien peu dénieraient le rôle vital
de la prière au cours des siècles et le rôle
qu’elle a joué dans la civilisation. Aujourd’hui,
un nouveau stade apparaît dans le processus de l’approche
spirituelle qui offre plus de compréhension sur la manière
dont nous pouvons oeuvrer intelligemment avec les forces sous-jacentes
à la vie. Certains fondements commencent à être
reconnus ; la lumière d’une nouvelle connaissance illumine
de plus en plus ces pouvoirs divins en lesquels “nous vivons,
nous mouvons et avons l’être”. Petit à
petit, l’invocation, l’évocation et l’étude
de leur pratique deviendront une science. Il a été
dit que, de cette science, émergerait une nouvelle religion
mondiale.
Principes de base
Trois causes principales rendent l’invocation plus efficace
que la prière. En la pratiquant, nous :
1-utilisons le mental autant que le coeur,
2-établissons, par la pensée, un lien avec des énergies
spécifiques,
3-mettons en action le pouvoir de la volonté.
De nombreux facteurs constructifs sont implicites dans tout ceci
mais ce que nous devons peut-être réaliser, en premier
lieu, c’est la nature positive et créatrice de l’invocation.
Il ne s’agit pas d’une répétition suppliante
ou négative, mais d’une forme d’appel dynamique
en lequel nous rassemblons toutes nos forces et les orientons, volontairement
et activement, vers la tâche considérée. Il
s’agit d’un effort positif pour associer nos différentes
énergies en un appel à de plus grandes, c’est-à-dire
aux énergies spirituelles et divines.
En utilisant le mental, en même temps que le coeur, nous forgeons
ce qui devient rapidement l’instrument le plus efficace du
genre humain. Nous ne sommes plus motivés seulement par les
sentiments ; ceux-ci sont généralement modifiés
ou complétés par la pensée et le mental devient
une force motrice très importante et une partie active de
nous-même qui ne peut être mésestimée.
Ainsi, dans l’invocation, nous ajoutons à la prière,
qui peut être considérée comme l’appel
du coeur, le pouvoir du mental, celui de la visualisation et de
l’imagination, ainsi que la créativité. Il est
aisé de voir l’avantage que cela représente.
Mais, puisque nous étudions la fonction de l’invocation,
essayons de prendre conscience de ce qui se produit lorsque nous
pensons sur les plans supérieurs.
Lorsque nous projetons une pensée, celle-ci nous lie inévitablement
à son objectif ; sa clarté et sa force déterminent
son potentiel invocatoire et sa puissance canalisatrice. Par exemple,
si nous pensons à la lumière comme à une force
spirituelle, non seulement nous collaborons avec elle par notre
pensée constructive, mais nous lui ouvrons un canal par lequel
elle peut s’écouler ; si nous pensons à l’amour
comme à une puissance de bien, nous entrons en contact avec
elle et un peu de sa vibration afflue inévitablement.
Nous évoquerons un peu plus tard, dans le chapitre sur les
techniques, la place de la volonté dans l’invocation.
Mais, d’une manière générale, la volonté
est le facteur dynamique, l’affirmation de la potentialité
et de sa possible actualisation. Le pouvoir de l’espérance
s’y trouve lié ainsi que la joie et, lorsqu’à
tout ceci nous associons l’intention, un formidable éventail
de forces positives soutient notre appel.
De tout ceci, nous pouvons conclure que l’invocation est une
façon de contacter des pouvoirs intérieurs qui est
plus proche de la manière de penser actuelle que la simple
prière du passé. Aujourd’hui, nous avons tendance
à préférer des méthodes qui ne portent
pas uniquement le sceau de la raison mais qui nous laissent la possibilité
de jouer un rôle créatif et constructif. L’esprit
humain est indépendant de nature ; il aime s’occuper
de ses propres affaires. Il cherche à être créatif
et à offrir sa contribution intelligente à tout ce
que nous essayons de faire. L’invocation est donc le moyen
idéal pour que l’activité du mental contribue
au déversement des forces nécessaires.
La Science de l’Invocation
L’invocation est fondée sur la loi qui gouverne la
réciprocité. L’invocation et l’évocation
sont deux aspects de l’interaction qui s’installe entre
les différents plans de la vie, entre le haut et le bas,
l’intérieur et l’extérieur, le subjectif
et l’objectif, la cause et l’effet.
Invoquer signifie “appeler”, faire descendre. C’est
un appel pour “faire venir” quelque chose de plus grand
ou de plus élevé. En revanche, évoquer signifie,
étymologiquement, “extérioriser”, faire
sortir en appelant. Il est dit que “le supérieur attire
toujours magnétiquement - ou évoque - l’inférieur”
et que “la tension de l’inférieur évoque
l’attention du supérieur”. En d’autres
termes, le processus d’invocation entraîne l’action
réciproque de l’évocation. Les deux sont interdépendants
et corrélatifs.
Cette interaction, cette évocation par une attraction magnétique
supérieure et l’effort qui en résulte d’atteindre
les conditions d’existence supérieures sous-tendent
le processus rythmique de l’évolution. On peut le voir
à l’oeuvre dans des formes nombreuses et différentes
: dans la façon dont la plante s’extrait de l’obscurité
de la terre pour atteindre la lumière du soleil ; dans l’effort
de l’être humain pour atteindre de plus vastes niveaux
de connaissance et une vie meilleure ; dans l’aspiration du
coeur humain à la recherche du Soi supérieur ou Ame.
Le magnétisme qu’exerce le supérieur sur l’inférieur
est également sensible au niveau des grandes Vies spirituelles
: le disciple cherche le Maître ; le Maître cherche
à connaître l’Unique. Ce grand principe sous-jacent
est l’un des facteurs vitaux les plus répandus. Il
constitue un tremplin permanent sous nos pieds.
Un autre élément de base de l’invocation est
la loi de l’offre et de la demande. Une fois encore, une loi
fondamentale de la nature en appelle aux niveaux supérieurs.
Le Christ en a parlé clairement dans ses célèbres
paroles : “Demandez et vous recevrez ... Frappez et l’on
vous ouvrira”.
Pour les esprits les plus simples de l’époque, cela
pouvait vouloir dire qu’ils devaient avoir foi en une “oreille
bénéfique” toujours à l’écoute
mais cette injonction montre clairement que nous devons mettre nous-mêmes
en mouvement la loi de l’offre et de la demande. Elle peut
donner l’impression de ne pas fonctionner toujours aussi directement
qu’une interprétation superficielle de l’affirmation
du Christ laisserait entendre mais cela est normal car nous nous
tenons alors dans le voisinage d’énergies et de contre-énergies
d’une complexité que nous ne comprenons pas encore.
Il nous faut, de plus, connaître la bonne façon de
“frapper” pour que la porte s’ouvre. Autrement
dit, nous devons nous conformer à certains principes ou “lois
de la demande”.
Fondamentalement cependant, l’action engendre la réaction.
Elle met en marche un mouvement qui produit des effets. Si la demande
est faite, la réponse arrive, même si cela ne se produit
pas toujours de manière très visible. Si nous ouvrons
un canal, le déversement aura lieu. Il est dit que la Nature
ne permet pas le vide et tous les grands Instructeurs nous ont affirmé
que cette règle, comme nous pouvons nous y attendre, s’applique
également aux royaumes qui nous servent de lien avec les
Puissances Spirituelles. Dans (Les variétés de l’expérience
religieuse), William James écrivait :
“Dans la communion, l’énergie venue d’en
haut afflue en réponse à la demande et devient opérative
dans le monde phénoménal. Aussi longtemps que cette
opérativité est reconnue, il n’est pas vraiment
essentiel de savoir si ses effets immédiats sont subjectifs
ou objectifs. Le point religieux fondamental est que, dans la prière,
l’énergie spirituelle qui, autrement, serait perdue,
devient active et qu’un travail spirituel d’une certaine
nature est effectivement réalisé.”
Ceci nous amène à parler du pouvoir d’attraction.
Ici, le rôle de l’individu est clair. Pour invoquer
efficacement, nous devons faire plus que de formuler simplement
une requête : le pouvoir attractif du sentiment - que ce soit
le désir personnel, l’amour pour les autres, la compassion,
l’anxiété ou quelqu’autre sentiment -
est également nécessaire pour que la puissance du
coeur intervienne également dans l’appel.
Le coeur et les émotions - ou nature émotionnelle
- sont de grands intervenants dans la loi d’attraction et
jouent un rôle important dans la valeur de la véritable
invocation. La loi d’attraction, si connue dans les formes
variées qu’elle prend sur les niveaux objectifs, doit
être reconnue dans ses autres applications et notamment dans
les domaines spirituel et mental, aussi bien que physique et émotionnel.
La radiation et le magnétisme sont également intimement
associés à l’invocation et à l’évocation.
Eux aussi sont des facteurs bien connus sur les plans objectifs,
même si nous connaissons encore peu de choses sur leur origine,
leurs causes et leurs effets sur des niveaux plus subtils.
D’après leur véritable nature, il est évident
cependant que, dans les domaines de la pensée, du sentiment,
de l’aspiration et de l’invocation, la radiation et
le magnétisme jouent un rôle fondamental. Dans les
Techniques d’invocation, nous reviendrons sur la radiation
et ce qu’elle signifie en termes spirituels.
Ces principes fondamentaux montrent pourquoi l’expression
“science de l’invocation“ commence à s’employer.
Lorsque nous invoquons, nous oeuvrons avec les lois universelles
et les processus découlant de ces lois. Lorsque nous commençons
à penser en termes scientifiques de vibrations et d’énergies,
le pouvoir inévitable de l’invocation commence à
apparaître. Dans ce champ gigantesque d’actions, de
réactions et d’interactions, nous avons encore beaucoup
à découvrir, mais rappelons-nous l’ancien adage
: “Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut” et
commençons à percevoir des façons de faire
plus proches du règne divin.
Rappelons-nous aussi que le potentiel d’invocation est en
nous et non à l’extérieur de nous. Comme la
puissance électrique, si longtemps cachée à
l’Humanité et les ondes éthériques que
nous apprenons depuis très peu de temps à utiliser,
les lois qui gouvernent l’invocation sont présentes
tout autour de nous et interpénètrent la vie quotidienne.
Nous vivons dans des champs d’énergie qu’il nous
reste à apprendre à bien utiliser. Alors, au lieu
d’être simplement des “passagers” sur notre
monde en perpétuelle rotation, nous deviendrons des coopérateurs
intelligents de ces forces, capables de prendre une part responsable
dans la construction du présent et de l’avenir.
DEUXIÈME PARTIE
COMMENT INVOQUER ?
Eléments et techniques
Même si nous savons encore peu de choses sur tous ces facteurs
connectés à l’invocation, les reconnaître
nous aidera à prendre conscience du lien indissoluble qui
existe entre la vie intérieure et la vie extérieure,
entre les causes subjectives et les événements concrets,
entre ce qui, au cours des âges, a été dénommé
“l’esprit et la matière”, entre Dieu et
l’être humain.
Cette relation indissoluble ressemble à un fil d’or
tendu dans notre vie planétaire. Il relie entre eux tous
les règnes, tous les niveaux de vie, les états de
conscience et, lorsque nous commençons à développer
la conscience de ce fait, une nouvelle intensité nous aiguillonne.
Nous commençons à percevoir les opportunités
offertes à l’Humanité et notre profonde responsabilité
à l’égard des règnes de la nature qui
sont “en-dessous” de nous sur l’échelle
évolutive. Nous réalisons que, lorsque nous prions,
nous faisons plus que demander de l’aide pour un problème
immédiat ; nous nous trouvons sur une grande chaussée
qui s’étire entre les mondes intérieurs et les
mondes extérieurs et y prenons une place active.
Tel est le défi qui doit nous amener à nous demander
à nous-mêmes : le relevons-nous en aveugles et en sourds
ou avec intelligence et en utilisant tous les moyens à notre
portée ? Les religions du passé nous ont enseigné
diverses façons de construire cette chaussée mais
nos aptitudes et attitudes se sont modifiées depuis ; elles
requièrent maintenant de nouvelles techniques. Comme nous
l’avons exprimé plus haut, la science de l’invocation
offre des méthodes particulièrement en accord avec
l’émergence nouvelle.
Prière et méditation
Afin d’avoir des idées claires sur la façon
d’utiliser l’invocation, nous devons comprendre les
différentes formes d’appel spirituel. Comme nous l’avons
déjà exprimé, la prière est fondamentalement
issue du coeur ; la nature émotionnelle est sa force motrice
principale. Il existe différents types de prière,
mais c’est toujours le coeur qui demande, adore, intercède
ou remercie ; le mental n’y joue qu’un rôle mineur.
En revanche, dans la méditation, la nature émotionnelle
est apaisée, le mental joue un rôle positif qui donne
la priorité à l’action réflexive, perceptive
ou créatrice. Nous constaterons que la méditation
se place principalement sur les niveaux mentaux (dans cette acception,
le mental dont il s’agit se différencie de l’intellect).
Cette association de la prière du coeur et de la méditation
du mental constitue, bien évidemment, une forme équilibrée
d’approche spirituelle et l’invocation a été
considérée comme “le type de prière le
plus élevé qui puisse exister et une forme nouvelle
d’appel divin, rendu possible désormais par la connaissance
de la méditation”.
Imagination et visualisation
Mais ce n’est pas tout. L’imagination est une autre
des qualités auxquelles il nous est possible de faire appel.
A première vue, nous pouvons croire que l’imagination
n’est qu’une pensée chargée de désir
mais ceci est bien loin de la vérité. La capacité
qu’a le mental de construire des images a une immense signification.
Il étend la conscience au-delà des concepts concrets,
la libère de ce qui la limite et lui permet d’atteindre
de nouvelles possibilités. L’imagination est le grand
moyen dont nous disposons pour construire un pont au-dessus du fossé
qui sépare l’immédiat du distant, le présent
de l’avenir. Grâce à elle, nous concevons mentalement
et sommes ainsi capables de dessiner l’esquisse de ce qui
peut être accompli. Elle est l’une de nos facultés
créatrices les plus valables et joue un rôle défini
dans l’invocation.
C’est l’imagination qui nous permet de visualiser et
cette capacité a une grande importance aux yeux des psychologues.
Elle est utilisée dans de nombreuses techniques créatrices
et d’auto-activation. Elle peut également être
utilisée, sur une échelle plus large et plus impersonnelle,
dans l’invocation au bénéfice d’autrui.
La visualisation n’est pas seulement un moyen de focaliser
le mental sur ce qui est désiré et d’aider à
la concentration ; elle produit également une certaine “concrétisation”
de l’énergie qui devient alors elle-même influente.
Par exemple, lorsque nous visualisons une chose, nous la “voyons”
en imagination, nous en construisons l’image et nous l’énergisons,
automatiquement, par notre pensée. Elle devient un élément
défini de nos pensées ou, plus spécifiquement,
“l’aura de notre pensée”. Également,
nous la colorons et lui donnons une plus grande vitalité
par les sentiments que nous lui portons. Tout cela lui donne réalité
dans nos existences.
Les paroles suivantes de Salomon donnent de la substance à
ce processus : “Tel un homme pense en son coeur, tel il est”.
Il ressort clairement de tout ceci que l’imagination ne doit
pas être confondue avec la fantaisie. Il s’agit là
d’un moyen objectif. Il nous est impossible de construire
sur les niveaux supérieurs de la pensée sans son aide,
car elle donne des ailes à toute notre créativité
mentale.
L’espérance
Le pouvoir de l’espérance est également lié
à l’imagination. Cette dernière ayant conçu
une possibilité, l’espérance - ou attente positive
ou expectation - commence à exercer un pouvoir d’attraction.
Nous anticipons, cherchons, attendons et, ce faisant, nous augmentons
le pouvoir d’attraction de l’invocation à laquelle
nous nous consacrons. L’expectation, l’espérance
est magnétique de nature. Elle s’associe facilement
à la joie qui lui donne encore une force supplémentaire.
Mais, alors que l’espérance voyage joyeusement sur
les ailes de l’imagination, elle doit être aidée
dans sa course par le pouvoir de la volonté. Nous en arrivons
donc au dernier élément majeur de l’invocation.
La volonté
La volonté apporte plusieurs contributions. Tout d’abord,
elle inaugure l’action, c’est-à-dire que nous
décidons de réserver le temps nécessaire à
sa préparation et à son exécution. Nous pourrions
appeler cette phase : l’intention”.
Ensuite, la volonté est nécessaire pour maintenir
la concentration et les diverses énergies (émotions,
mental et imagination) engagées dans la tâche entreprise.
La volonté est absolument requise ici, car la concentration
est, pour la majorité des gens, l’un des problèmes
majeurs.
Puis, la volonté fournit ce facteur positif qu’est
l’assertion, l’affirmation que ce que nous cherchons
ou invoquons peut se produire. L’affirmation est projetée
au moyen de l’énonciation des paroles qui encadrent
l’appel. Celles-ci engagent la volonté, parce que le
mantram ou la formule employé doit l’être comme
une déclaration dynamique ; par exemple : “qu’il
en soit ainsi ! ”
Dans la véritable invocation, la conviction assurée
renforce l’attitude de demande. Il ne s’agit pas seulement
d’espoir ou de croyance, mais d’une certitude confiante,
née de la prise de conscience intuitive que nous travaillons
avec des lois qui doivent apporter réponse et qui font partie
d’un plan créatif, constructeur et bénéfique.
Cette conscience procure une confiance élevée et joyeuse
; nous nous allions aux pouvoirs constructifs, à la Volonté
de Bien de Dieu.
Un mental convaincu, une intention focalisée, un désir
consacré et une expression organisée sont essentiels
pour que l’invocation réussisse et chacun d’entre
eux nécessite la mise en oeuvre de la volonté. Cela
signifie que nous devons employer le pouvoir de la volonté
le plus que nous le pouvons et la focaliser au point de tension
nécessaire. Nous devons, cependant, prendre soin de bien
faire la différence entre la tension de la personnalité,
qui est une véritable tension et la tension spirituelle qui
est identification à une puissance spirituelle supérieure.
Tout ceci produit une façon dynamique de travailler. Nos
forces sont élevées à un niveau supérieur,
dirigées et maintenues avec intention.
(a suivre)
( Roberto Assagioli, M.D.)
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