Deuxième session - cours I
Méditation personnelle et méditation de service
Les fonctions créatrices de la méditation
Le mot méditation
est si souvent employé négligemment qu'il est bon
de commencer cette seconde année par une brève définition
des différents sens qui lui sont donnés :
1. Dans son sens le plus courant, ce mot désigne la réflexion
ou pensée concentrée sur un sujet donné. On
l'appelle également "méditation sur une pensée-semence".
Il s'agit de définir celle-ci, de la développer, d'envisager
ses rapports et ses applications.
Il est surprenant de constater le nombre d'aspects et d'implications
que permet de découvrir la méditation réflexive
(ou "réflective") même sur un sujet apparemment
familier. Un exemple sur le thème de l'amour est donné
dans le deuxième livret de la première année.
2. La contemplation pourrait presque être considérée
comme l'opposé de la précédente et, dans la
pratique de la méditation créatrice, elle fait généralement
suite à la phase réflexive. Lorsque nous avons l'impression
d'avoir épuisé le sujet au moyen du mental concret,
nous élevons notre centre de conscience aussi haut que possible
vers le Soi ou l’Âme. Là, il s'agit d'arrêter
la pensée et de garder le sujet au centre de notre conscience,
dans une attitude silencieuse de calme expectative.
Pour maintenir la conscience focalisée, il est possible de
répéter lentement, intérieurement, le ou les
mots évoquant le sujet. Il se peut que rien ne se présente
mais, parfois, quelque chose de nouveau, d'inattendu "tombe"
dans le champ de la conscience, une prise de conscience très
vivante, d'une signification plus profonde que celle à laquelle
le stade précédent avait donné accès.
Il s'agit là d'une réalisation intuitive.
3. La méditation réceptive peut ressembler à
la contemplation mais elle en diffère. La méditation
contemplative permet, pourrait-on dire, de "voir" avec
l'oeil du mental, à l'intérieur ou vers le haut. La
méditation réceptive est davantage une manière
d'"écouter" avec l'oreille intérieure. Si
nous y parvenons, nous recevons l'inspiration.
Dans ces deux sortes de pratiques méditatives il est important
de ne pas tomber dans un état passif, rêveur, presque
médiumnique, et de ne pas s'arrêter sur des images
ou des "voix" provenant de différents niveaux de
l'inconscient individuel ou collectif.
4. La méditation créatrice: sa véritable signification
n'est pas facilement comprise parce qu'elle engage différents
aspects de nous-mêmes c'est-à-dire l'activité
du coeur et de l'esprit, les sentiments, l'imagination et la volonté.
En conséquence elle inclut diverses approches spirituelles.
C'est ce qui la rend particulièrement efficace et attractive,
car elle peut s'associer à bien d'autres formes de méditation.
La méditation créatrice n'est donc pas seulement subjective
et abstraite. Elle ne requiert pas un état purement passif
ou réflexif. C'est un processus précis et scientifique
demandant un effort positif et une méthode de travail en
accord avec la Loi. Certaines de ces Lois comme celle « de
cause à effet », ou celle « de la demande et
du don », sont des règles inaliénables d'énergie
et de créativité. Lorsque nous travaillons avec elles
de façon juste, elles sont efficaces à différents
niveaux. L'opposition que fait l'Occident entre la méditation
et l'action est une erreur. Toute action consciente, délibérée
et intentionnelle connaît ces deux phases successives.
La méditation est une forme particulière d'action
intérieure, une façon de travailler avec les énergies
intérieures. La valeur de la pensée conceptuelle est
aujourd'hui largement reconnue mais l'énorme pouvoir de changement
de ces énergies l'est encore très peu. Elles sont
néanmoins capables de produire de réelles transformations,
non seulement à l'intérieur de l'individu, mais aussi
dans la situation mondiale lorsqu'elles sont mises en action par
des groupes. Nous avons, par conséquent, une grande responsabilité,
à la fois envers la juste utilisation de ces énergies
et envers les possibilités illimitées de travailler
de façon constructive pour le bien commun.
La méditation créatrice peut porter sur de nombreux
sujets, comme par exemple :
Ø une qualité, une vertu, une énergie ou une
idée (comme les Lois et les Principes du Nouvel Age)
Ø un mot ou une phrase servant de "pensée-semence"
Ø un problème
Ø un symbole (les symboles sont le language naturel, le
moyen d'expression de l'inconscient à tous les niveaux, y
compris celui du supraconscient)
Ø le Soi. La prise de conscience du Soi est l'un des grands
objectifs et l'un des grands accomplissements de la méditation,
c'est pourquoi nous étudierons tout d'abord certaines utilisations
de la méditation créatrice destinées à
atteindre une plus grande conscience du Soi.
En pratiquant la méditation en général et toutes
les formes d'approches spirituelles, nous élevons notre pensée
à des niveaux supérieurs ou plus intérieurs
et, ainsi, nous étendons notre conscience. Dans la méditation
créatrice, cependant, le processus est beaucoup plus précis.
Grâce à elle nous modifions, mais aussi nous transformons,
régénérons et recréons la personnalité
en tant que réflexion et canal pour le Soi supérieur.
Chacune de ces phases correspond à divers stades nécessaires.
Comme l'écrit le Docteur Assagioli dans La Volonté
Libératrice (éditions Le Hiérarch), l'un des
stades les plus importants pour :
"... parvenir à la psychosynthèse personnelle
est la méditation sur soi-même. On est ainsi capable
de distinguer la pure soi-conscience ou conscience de Soi et les
éléments psychologiques de sa propre personnalité,
à divers niveaux. Cette distinction est une exigence fondamentale
pour acquérir la conscience de Soi.
…Cette conscience, cette possibilité d'observer sa
propre personnalité "du dessus", "intérieurement,
à distance" ne doit pas être confondue avec l'égocentrisme
et la préoccupation de soi. En réalité, elle
est exactement à l'opposé, car cette dernière
est identification avec les éléments et défauts
de la personnalité.
... La méditation réflexive ne doit pas être
considérée simplement comme un processus passif d'observation,
comme un inventaire de faits. Elle a pour but l'observation, l'interprétation
et l'évaluation de ce que nous découvrons en nous-mêmes.
"
Il nous donne également un avertissement et déclare
que la méditation sur soi peut parfois provoquer l'émergence,
dans notre conscience, d'éléments perturbateurs dans
la personnalité. Par exemple, nous pouvons nous rendre compte
que des émotions négatives surgissent de plus en plus
ou que nous devenons hypersensibles ou hyper stimulés. En
ce cas, il est sage de cesser de méditer sur nous-même
pendant un certain temps et de choisir des sujets plus impersonnels.
Ceci signifie très probablement que nous n'avons pas abordé
la méditation avec assez d'objectivité et de détachement
et que nous avons besoin de nous donner un peu de temps pour assimiler,
une période pour consolider l'état de conscience atteint.
Comme pour un entraînement physique, nous ne devons pas pousser
trop loin, trop vite et espérer trop du système humain.
Une sage procédure sera de se reporter à l'exercice
de désidentification donné dans le Livret I de la
première année et de l'utiliser brièvement
comme préparation quotidienne à la méditation.
Lorsque nous arrivons au stade de la visualisation, pour prendre
conscience du Soi, il peut être utile de visualiser le "modèle
idéal" de soi-même. Cette méthode est efficace
pour invoquer et développer des qualités qui semblent
nous manquer et réaliser nos aspirations. Le Docteur Piero
Ferrucci décrit ainsi l'exercice :
"Ayant choisi la qualité souhaitée, vous vous
imaginez vous-même comme ayant déjà cette qualité
à son plus haut degré de pureté et d'intensité.
Permettez à cette image de prendre forme dans le détail...
Il se peut qu'elle ne soit pas très stable au début...
Mais, même ainsi, elle exercera une puissante influence sur
votre inconscient."
(What we may be Editions Tarcher)
Ceci est la clé du processus de méditation créatrice
: le mental conscient attire l'inconscient dans un contact plus
intime et nous pouvons utiliser des ressources qui nous étaient
inconnues auparavant. Un Maître oriental décrit ainsi
cette technique de méditation :
"Il (le méditant) commence à saisir la vision
de l'homme spirituel tel qu'il est dans son essence. Il réalise
les vertus et les réactions que l'être spirituel est
à même de démontrer sur le plan physique...
Il crée, dans son intellect, une structure qui sert de modèle
à l'homme inférieur et qui le pousse à se conformer
à cet idéal... Il découvre ainsi qu'un pouvoir
de transformation et de transmutation agit sur les énergies
qui constituent sa nature inférieure, jusqu'à ce que
tout lui soit subordonné et qu'il en vienne à manifester,
de façon pratique, ce qu'il est... essentiellement."
Dans la méditation créatrice pour le Nouvel Age, le
but est de créer les formes qui incarneront les nouvelles
idées supérieures ou les formes nouvelles pour une
expression plus complète et plus adéquate des principes
et valeurs éternels. L'impulsion doit être une volonté
de bien dynamique, une volonté délibérée
de servir ou, tout au moins, une bonne volonté active. Il
importe peu que le travail créatif ait été
imaginé par nous-même ou par le groupe auquel nous
appartenons. Nous pouvons coopérer activement au développement
et à l'"incarnation" de formes initiées
par d'autres. Nous pouvons le faire à différents niveaux
au cours des divers stades de "descente", par :
1. Une pensée claire et une formulation correcte. L'importance
d'une formulation ou d'une désignation juste a été
réitérée dans diverses philosophies et est
de plus en plus exigée à l'époque actuelle
par la technologie informatique.
2. L'utilisation de l'imagination avec le pouvoir créateur
qui lui est propre et qui provient de la puissance suggestive et
motrice des images.
3. La visualisation de la forme-pensée en l'infusant de la
chaleur de nos sentiments, de la force de nos désirs et de
la puissance de notre volonté.
4. La communication. Elle peut être de deux types, subjective
et objective :
a) en répandant l'idée par un rayonnement intérieur
direct. La possibilité d'une telle action télépathique
est de plus en plus reconnue ; elle explique la rapidité
surprenante et l'ampleur avec laquelle les idées et les vagues
d'émotions se répandent dans l'Humanité.
b) en diffusant l'idéal formulé , soit oralement,
soit par les écrits et par les symboles, en utilisant tous
les moyens actuels de communication disponibles à l'intention
des individus et des masses.
Une mise en garde s'impose maintenant : nous devons rester vigilants
afin de ne pas nous laisser entraîner par notre zèle,
au point de nous identifier complètement avec l'idée
que nous voulons développer et exprimer. Une telle identification
peut entraîner l'épuisement ou le risque d'être
obsédé ou possédé par ces idées
ou par les formes qu'elles prennent, au point de devenir borné
ou fanatique. Aucune idée, aucune forme, si belle soit-elle,
ne doit nous asservir. Souvenons-nous que le créateur est
toujours plus grand que ce qu'il crée.
Nous devons éviter aussi un autre danger : lorsqu'une idée
jaillit de sa source et "s’incarne" dans un idéal
et une expression extérieure, elle peut subir des limitations,
des distorsions et, même, être faussée. Elle
peut, de plus, être utilisée, individuellement ou collectivement,
à des fins égoïstes.
Une forme de limitation et de réduction pouvant aller jusqu'à
l'épuisement et à laquelle il faut faire particulièrement
attention est la tendance répandue à donner une importance
indue aux moyens à utiliser pour atteindre un objectif. Cet
objectif finit par être perdu de vue ou subordonné
aux moyens. Tel est le cas fréquent d'une organisation devenue,
en fait sinon en apparence, une fin en soi.
Tous ces dangers et obstacles peuvent être évités
par l'application de la Loi des Justes Relations. Dans ce cas précis,
la juste relation est à établir entre l'idée,
l'idéal et la forme, d'une part et entre l'ardeur ou l'enthousiasme
enflammés nécessaires, un point de vue inclusif et
l'habileté dans l'action, d'autre part. Ce qui implique la
nécessité de passer graduellement de l'ancien au nouveau
et l'acceptation d'un certain nombre de compromis provisoires au
cours de la période de transition. Ce qui peut se résumer
ainsi : SAGESSE.
Une méditation créatrice efficace comprend les phases
ou stades suivants :
1. Une préparation consistant essentiellement à :
a) Éliminer du champ de la conscience tous les contenus existants
(pensées, émotions, désirs, etc...)
b) Élever le centre de conscience en le polarisant ou en
le fixant au niveau mental.
c) Contacter le Soi, par l'aspiration, la prière et l'invocation.
2. La Méditation Réceptive au cours de laquelle le
mental peut être illuminé d'une façon générale
par la lumière de l'Âme. Le mental peut ainsi recevoir
des idées ou avoir des perceptions intuitives à propos
du Nouvel Age et à propos de l'aspect particulier du Nouvel
Age sur lequel l'attention est dirigée.
3. La Méditation Réflexive au cours de laquelle la
pensée est contrôlée et concentrée sur
ces idées, cherche à atteindre leur compréhension
toujours plus claire et plus profonde et imagine tous les développements
et toutes les applications qu'elles peuvent et devraient avoir.
4. La Méditation Créatrice proprement dite. Ce terme
ne veut pas dire qu'il nous faut créer, à partir de
rien, les idées et les conceptions du Nouvel Age. Celles-ci
existent déjà ; elles ont été créées
par des intelligences plus élevées que les nôtres.
Il s'agit de coopérer à la création des formes
nouvelles qu'elles doivent revêtir, à la création
des véhicules ou des "corps" nécessaires
à leur expression extérieure. Cette création
de formes nouvelles se poursuit continuellement. L'être humain
possède le pouvoir créateur ; il l'utilise inévitablement
et continuellement, consciemment ou inconsciemment. Ses motivations
pour créer des formes sont personnelles et souvent égoïstes
ou erronées. Même lorsqu'il est bon, le motif est souvent
déformé par des illusions et des mirages, lesquels
se reflètent dans la qualité et les effets des formes
créées. Le plus souvent, il ne s'agit que d'imitations,
de répétitions, ou encore de multiplications d'anciens
modèles.
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