Deuxième session - cours I
Le Nouvel Âge
L'histoire de l'Humanité,
depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,
démontre clairement que son évolution s'est opérée
à travers une série de cycles. Ces cycles se sont
parfois succédés dans le temps ; parfois ils se sont
manifestés, simultanément ou parallèlement,
dans toutes les sphères d'activités. Les cycles les
plus anciens ont été nommés "âges",
tels "l'âge de pierre", "l'âge de bronze",
etc... Il subsiste encore de nombreux témoignages de quelques-uns
des grands cycles les plus récents, comme la civilisation
chinoise, la civilisation hindoue et la civilisation égyptienne
qui ont duré des milliers d'années. Des cycles plus
courts et bien définis se sont produits à l'intérieur
des grands cycles. Ils furent caractérisés par l'avènement
d'une religion spécifique, d'un système politique
ou économique ou encore par une note culturelle particulière.
Le passage d'un cycle à un autre a été systématiquement
marqué par des crises. Certaines ont été violentes
et courtes ; d'autres ont été plus longues, graduelles,
accompagnées d'un chevauchement de cycles. L'étude
de ces cycles est intéressante et nous aide à faire
face aux problèmes actuels.
La crise mondiale actuelle, comparée aux précédentes,
présente certaines différences et même des caractéristiques
uniques. D'abord, elle est totale et globale de deux manières
:
1. Elle n'est confinée, géographiquement, ni à
un pays, ni à un continent ; elle s'étend à
la planète entière.
2. Elle touche tous les aspects et toutes les activités de
l'Humanité. Elle provoque d'énormes changements dans
sa vie matérielle et physique. Elle suscite de violents troubles
émotionnels et produit un développement rapide et
une stimulation intense du mental humain. Par conséquent,
elle affecte profondément tous les domaines de la vie humaine
: religieux, politique, social, économique, scientifique,
littéraire, artistique, éducatif.
De plus, l'important développement des moyens modernes de
communications donne aux événements un rythme extrêmement
rapide et intensifie les crises. Il en résulte un violent
conflit entre le passé et le présent, entre l'ancien
et le nouveau. Un des résultats les plus manifestes et les
plus perturbateurs est le conflit entre les anciennes et les jeunes
générations. Dans certains cas, les mentalités
semblent séparées par des siècles.
Une étude attentive et une analyse soigneuse sont nécessaires
à la compréhension de la nature et du sens réels
de cette crise. Nous pourrons ainsi entrevoir des solutions et aider
à "faire le pont" avec le Nouvel Age.
Qu'y a-t-il de nouveau ?
Le mot nouveau est facile à comprendre. Il est cependant
utilisé dans des sens très divers qui demandent à
être clairement différenciés pour comprendre
et utiliser ce terme avec plus de précision. Le mot "nouveau"
peut avoir huit significations différentes :
1. Faire personnellement une expérience déjà
vécue par d'autres ; ce qui pourrait s'appeler une "nouveauté
existentielle". Il y a une différence fondamentale entre
le fait de connaître intellectuellement une expérience
ou d'être informé d'une expérience vécue
par d'autres et le fait de la vivre soi-même pour la première
fois. Un exemple probant en est la différence qui existe
entre le fait d'entendre parler d'amour ou de lire des ouvrages
sentimentaux et le fait d'être soi-même amoureux. Dans
ce sens existentiel, chaque expérience est nouvelle et unique.
Dans le cas de l'amour, on peut dire que chaque "amour"
successif est nouveau et différent parce que l'individu a
changé et que chaque partenaire est différent lui
aussi. C'est cette reconnaissance de la valeur et même du
besoin de l'expérience personnelle qui a provoqué
l'adoption de nouvelles méthodes d'éducation moderne.
2. Les nouvelles formes et les nouveaux symboles exprimant des idées,
des principes ou des valeurs déjà connus. C'est un
point très important car nous n'avons pas l'habitude de faire
la distinction entre l'idée et son expression, entre la vérité
et la forme sous laquelle elle est présentée, entre
une valeur et les règles nécessaires à sa réalisation.
L'incapacité de faire une telle distinction peut avoir des
conséquences très néfastes. Il arrive souvent
que le rejet d'une certaine forme ou d'une certaine expression provoque
le rejet de l'idée ou du principe éternel qui se trouve
derrière. Les réactions suscitées par une attitude
désuète vis-à-vis de la morale en est un exemple.
Le rejet des conventions et des tabous étroits, fanatiques,
souvent inhumains et hypocrites qui gouvernaient la société
du siècle passé a provoqué une réaction
de rébellion qui, dans certains cas, fut poussée au
point de nier la validité de tout principe moral et de toute
valeur éthique. Pour reprendre une expression populaire "le
bébé a été jeté avec l'eau du
bain".
Ce manque de discrimination peut être considéré
comme une forme de matérialisme parce qu'il provient d'une
incapacité à reconnaître la vérité
ou le principe se trouvant au-delà d'une forme particulière.
Cette reconnaissance requiert l'utilisation du mental abstrait ou
de l'intuition ; elle est donc difficile. Nous devrions toujours
faire l'effort de percevoir l'idée qui se trouve derrière
- ou au coeur - des formulations présentées à
des époques diverses, par différentes écoles
de pensée ou de croyance. Ceci nous permettrait de la reconnaître
lorsqu'elle nous est présentée sous une forme nouvelle
et de lui donner nous-mêmes une nouvelle expression, un nouveau
"vêtement" plus conforme aux conditions et à
la mentalité nouvelles. Ce type de "nouveauté"
correspond, sur un plan plus élevé, à la connaissance
et l'utilisation de plusieurs langues et peut s'appeler "le
polyglottisme mental ou spirituel".
3. Une autre forme de "nouveauté", moins radicale
et moins complète, est le changement plus ou moins important,
de formes déjà existantes, leur adaptation ou leur
renouveau. Là est la véritable signification constructive
de la "ré-forme". C'est un processus universel
qui se poursuit continuellement dans notre corps, dans l'évolution
des langues comme dans beaucoup d'autres domaines.
4. Une nouvelle importance donnée à une qualité
ou un nouvel accent mis sur un aspect spécifique d'un ensemble
demeurant fondamentalement le même. Par exemple, dans le domaine
religieux, toutes les grandes religions reconnaissent et proclament
les mêmes principes et les mêmes valeurs fondamentales
: la lumière (l'illumination, la vérité, la
sagesse) et l'amour. Mais certaines d'entre elles mettent l'accent
sur l'une ou l'autre de ces valeurs. Par exemple, le Bouddha, dans
son enseignement, a particulièrement insisté sur l'aspect
illumination et sagesse, bien qu'en même temps, les qualités
d'amour et de fraternité aient été pleinement
exprimées dans la compassion et l'innocuité de Sa
vie et de Ses enseignements. En effet, après avoir atteint
l'illumination et la libération des renaissances, il fut
tellement habité par une profonde compassion pour l'aveuglement
et les souffrances de l'Humanité qu'Il choisit de rester
dans le monde et parcourut l'Inde pendant plus de 50 ans, enseignant
les Quatre Nobles Vérités et formant des disciples.
Les enseignements du Christ, quelques siècles plus tard,
ont mis l'accent principal sur l'amour, quoique, en aucune façon,
ils n'aient négligé la sagesse. En effet, les paraboles
en sont emplies et, sans doute, a-t-Il livré des trésors
de Sagesse encore plus grands à Ses disciples. Toutefois,
à partir de ces "accents" différents, ont
émergé des doctrines et des formes de vie religieuse
fort différentes et, en un sens, fort nouvelles.
5. De nouvelles applications d'un principe ou d'une loi déjà
connue. Cela arrive constamment, particulièrement en ce moment,
en science et en technologie. Par exemple, notre progrès
extraordinaire en aéronautique est dû à la découverte,
autant des principes de l'aérodynamique qu'à ceux
de la métallurgie. L'application de ces principes a rendu
possible les vols aérospatiaux et, en fait, a permis à
l'homme de faire voler le premier avion.
6. De nouvelles combinaisons d'éléments connus produisant
de nouvelles substances. Cela nous vaut les innombrables produits
récents de la chimie moderne, comme les matières plastiques,
etc...
7. De nouveau procédés et de nouvelles techniques
rendant plus efficace et plus économique la fabrication de
produits déjà existants ou la production d'énergie.
Cela arrive constamment dans l'industrie. Par exemple, la fabrication
des circuits intégrés, qui a permis l'avènement
de l'informatique et a révolutionné la technologie
dans tous les domaines.
8. Ce qui est intrinsèquement tout- à- fait nouveau.
C'est l'apparition ou l'émergence de quelque chose d'original,
sans précédent, qui, quelquefois, s'oppose à
ce qui existe déjà. Cela arrive dans la nature aussi
bien que dans les activités humaines. Dans la nature, ce
phénomène a été nommé : "évolution
émergente". Il se manifeste par des "mutations"
biologiques grâce auxquelles de nouveaux végétaux
et de nouvelles espèces d'animaux apparaissent. Dans le domaine
des activités humaines, c'est par le pouvoir créateur
de l'homme que "l'intrinsèquement nouveau" se produit
: les nouveaux styles dans le domaine artistique, les nouvelles
productions en littérature, les nouveaux "modèles",
les nouvelles théories ou les nouvelles découvertes
en science. Un exemple frappant en est la théorie d'Einstein
sur la relativité. Une autre découverte, moins connue
mais qui peut se révéler importante et révolutionnaire,
est celle de la loi de "syntropie" (opposée à
la loi d'entropie) que Fantappié a formulée et démontrée
mathématiquement.
L'étonnante révélation de l'hologramme est
un exemple plus récent et il est d'une grande signification
pour le premier sujet de méditation de ce cours : la relation
; il témoigne en effet de l'"unité" indivise
de l'existence sur notre planète, ce que nous avons encore
du mal à imaginer.
La richesse des nouvelles informations émanant de la communauté
scientifique fait d'elle l'un des secteurs de progrès les
plus fertiles vers le Nouvel Age mais le principe de synthèse
est également appliqué à l'évolution,
tant biologique que sociale ou spirituelle. C'est ainsi qu'émergent
de nouveaux concepts et de nouvelles méthodes.
Toutes ces formes de nouveauté sont présentes aujourd'hui
et contribuent à bâtir le modèle du Nouvel Age
; il sera donc bon de les garder en mémoire. De la sorte,
nous pourrons les reconnaître lorsqu'elles se présenteront
et coopérer intelligemment avec elles.
Caractéristiques et tendances du Nouvel Age.
Le Nouvel Age est déjà commencé. De nouvelles
énergies, de nouvelles tendances, de nouvelles qualités
humaines émergent rapidement. Elles sont très différentes
de celles qui ont caractérisé le cycle de civilisation
des deux derniers millénaires et le conflit existant entre
l'ancien et le nouveau est une des causes principales des perturbations
mondiales actuelles.
Bien que nous ne puissions savoir ce que sera le Nouvel Age lorsqu'il
se manifestera pleinement, ni ce que sera sa contribution à
la vie humaine lorsqu'il sera en plein essor, certaines tendances
et qualités qui le caractériseront apparaissent déjà
manifestement. Il est donc important de les identifier, de faire
face aux problèmes causés par leur émergence
et de remplir les tâches qu'elles requièrent.
Souvenons-nous que les énergies et les qualités qui
proviennent de source élevée ont des effets très
différents selon l'usage qui en est fait. Cet usage dépend
du degré d'évolution de ceux qui les reçoivent
et, à mesure que l'intelligence de l'Humanité se développe,
il est de son pouvoir de choisir et de décider.
Notre tâche actuelle consiste donc à :
1. Exprimer de façon solide les aspects supérieurs
de chacune des qualités et caractéristiques du Nouvel
Age.
2. Éviter les exagérations, les distorsions ou les
perversions de ces caractéristiques. Mentionnons que, généralement,
dans les premiers stades, les nouvelles énergies et qualités
sont souvent mal employées : l'Humanité ne sait pas
les manier et elle a tendance à se laisser dépasser
et conduire par elles. C'est pour cette raison que, lorsque nous
les décrirons, nous insisterons spécialement sur les
mauvais usages qui peuvent déjà être constatés
actuellement et sur la façon de les éviter.
3. Équilibrer et intégrer ces nouvelles tendances
spécifiques à celles développées dans
les précédents cycles de l'histoire humaine. Une vigilance,
un contrôle et une maîtrise dirigés et inspirés
par la sagesse sont nécessaires à cette synthèse.
Les techniques permettant d'y parvenir sont incluses dans les différents
types de méditations contenus dans les livrets de cours de
la première année.
Les cinq principales tendances ou caractéristiques du Nouvel
Age examinées ici brièvement sont :
1. Le développement mental. Les nombreux projets d'éducation
de masse, partout dans le monde, entraînent rapidement le
développement mental sur une vaste échelle. Il y a,
partout et spécialement chez les jeunes générations,
une soif de connaissance et une activité mentale qui s'expriment
par des interrogations, des discussions, des projets, par un intérêt
pour les sciences et les techniques et, à un niveau plus
élevé, par une quête sur le sens de la vie.
Cette tendance est en train de prendre rapidement une force importante.
2. La modalité positive, le dynamisme et la volonté.
Ces caractéristiques sont responsables du dynamisme et de
la vitalité d'attitudes actuelles telles que le besoin de
vitesse et de vie intense. Elles se manifestent sous forme de volonté
de puissance, par la maîtrise des forces de la nature, du
temps et de l'espace, par la volonté de contrôler les
autres et leurs affaires. Mais, également, elles incitent
à la connaissance de soi et à la maîtrise des
énergies et des impulsions intérieures.
3. L'extraversion. Certaines tendances du Nouvel Age produisent
un désir extrême d'extraversion et d'expression de
soi dans le monde extérieur, dans le monde matériel.
Il en résulte ce qui peut être appelé "le
culte du pratique" et une surestimation de l'habileté,
de la technique, du contact avec la nature, des soins et de l'entraînement
du corps physique et des sports. Sur des niveaux plus élevés
ces tendances produisent une créativité croissante
dans tous les champs de l'activité humaine.
4. La Joie. Elle est associée à d'autres caractéristiques
déjà mentionnées. Elle peut aussi bien en être
la cause que l'effet. En conséquence, nous pouvons espérer
la voir se manifester de plus en plus, au fur et à mesure
de la progression du Nouvel Age.
5. L'unification, la synthèse et l'universalité. Ces
tendances sont très évidentes et elles nous conditionnent
déjà de plusieurs manières, particulièrement
par le développement des communications, des relations, des
interactions et des contacts, ainsi que par la tendance à
se regrouper et à travailler en groupe. Au niveau scientifique,
la réflexion, longtemps focalisée sur la fragmentation,
s'oriente de plus en plus vers l'exploration de la "totalité",
tandis qu'à des niveaux plus humbles, il est question de
"problèmes globaux", de "point de vue mondial".
Fred Hoyle avait raison d'écrire, en 1948 : "lorsque
nous pourrons prendre une photographie de la Terre vue de l'extérieur...
alors une idée nouvelle, plus puissante qu'aucune autre dans
l'histoire, sera libérée".
Ces nouvelles tendances et ces caractéristiques en développement
nous permettent d'entrevoir un avenir exaltant et nous ne devons
pas nous laisser effrayer par la façon de réagir immédiate
de l'Humanité, à ces énergies et influences
nouvelles. Le conflit entre l'ancien et le nouveau ainsi que les
difficultés entraînées par le maniement correct
des nouvelles forces provoquent forcément une période
de confusion, d'essais et d'erreurs. La compréhension des
forces en jeu est, par conséquent, d'une importance primordiale
car elle est la perception claire de leur qualité essentielle,
au-delà de la turbulence immédiate. Une sage coopération
avec les aspects de ces forces qui conditionneront le devenir de
l'Humanité l'aidera à progresser vers son véritable
destin.
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